Kilos et obsession... boulimie et anorexie

Je voulais faire un petit texte pour décrire mon obsession depuis maintenant plus de 15 ans : mon poids !!!

J'ai lu dans un blog "Santé et beauté" un morceau de vie de Chris qui s'était fait vomir... C'est le drame de notre génération la boulime/anorexie.

Je peux en parler un peu car j'en suis passée par là. J'aurais aimé rajouté une phrase d'espoir mais malheureusement après une psychothérapie comportementale d'1 an et demi... j'y suis encore... et ça fait 10 ans que ça dure ! 10 ans que je mange, que je culpabilise et que je me pèse 15 fois à quelques minutes d'intervalle... avant, après... tout le temps.

La balance m'a pire ennemie et ma meilleure amie... ou plutôt ma meilleure ennemie et ma pire amie... Je ne sais pas vivre sans...

Je me sens ENORME et pourtant... dans les yeux de mon entourage rien y paraît... Aucun(e) ne me dit que je suis grosse... Je pourrais donner ma taille et mon poids mais ce n'est pourtant pas significatif de ce que je vois.

Je vais le dire quand même pour que vous puissiez imaginer un peu mon calvaire imaginaire: 63kgs pour 170cm... J'oscille entre 61 et 64 kgs en ce moment et mon objectif est de descendre en dessous de la barre psychologique des 60... 59,5 kgs ?!!! Mais c'est un objectif si proche et si loin à la fois...

Comment expliquer ? J'ai conscience qu'il s'agit d'à peine 5 kilos. Comparé au 71 kgs d''il y a 10 ans et donc des 12 kilos qui me séparaient de cet objectif ce n'est rien... Et pourtant c'est comme une montagne insurmontable.

Je suis suivie par un "coach" si on peut l'appeler ainsi. Disons qu'il me voit tous les 15 jours pour me faire des massages CelluM6, mais à côté de ça il essaie de m'inculquer des principes de régime dissocié: pas de sucre (glucose) associé à de la graisse (lipide). Et bien entendu une grande place pour les proteines dans l'assiette genre volaille, oeufs etc...

Ca fait maintenant 10 mois et je ne peux pas dire que les résultats soient flagrant mais au moins je suis stable. Je n'oscille plus entre 63 et 67 kgs. La fourchette est plus basse mais toujours pas satisfaisante.

Mon idéal à dire vrai c'est 55 kgs... Mais comment y arriver puisque je n'arrive pas à repasser en dessous des 60kgs.

Je dis bien repasser... parce que j'y étais. Episodiquement mais dans ma vie, j'ai déjà atteint ce but... Non sans effort, sans privation, sans vomissements intenses... le jeûn... c'est ce que je trouve de plus salvateur mais j'ai beaucoup de mal.

Plus boulimique qu'anorexique... c'est la vie. C'est horrible car souvent j'en arrive à envier les anorexiques qui n'ingèrent pas la nourriture et qui se contrôlent... Pourtant c'est une vraie maladie, quelque chose de malheureux et certainement pas d'enviable. Mais déjà ado j'ai appris au Collège ce qu'était un ténia et je "rêvais" d'attraper cet être immonde pour pouvoir manger et perdre mes kilos...

J'ai fait beaucoup de conneries à force de vouloir perdre ces 5 kilos qui me gâchaient la vie ado... J'ai ingéré des gélules dont la composition m'était totalement étrangère. Laxatif, diurétique, amphétamine... tout y est passé. J'ai fait subir des tortures à mes intestins, à mon corps...

Aujourd'hui je ne suis pas guérie et je ne pense même pas en guérir un jour... Je vis avec. Les crises reviennent en période d'angoisse, de doute, de stress...

J'aimerais voir le bout du tunnel mais je ne le vois pas. L'essentiel ne pas sombrer... ne pas couler...

Et pourtant j'aimerais ajouter quelque chose de paradoxal dans ce que je vis: mon intérieur est si différent de mon extérieur. Peu de gens connaissent mon mal être, ma maladie et ceux qui le savent tombent vraiment de haut... Et voilà pourquoi dire qu'ils tombent de haut ? Après tout c'est une expression qui indiquent qu'ils sont déçus... Mais c'est moi qui le pensent. Ils sont tristes pour moi, inquiets même mais m'aiment-ils moins ? Souvent je me le demande et je le leur demande...